10 Mars 2020
Elise, Pouvez-vous nous présenter votre profession ?
et son histoire ?
La graphothérapie est la rééducation de la dysgraphie chez l’enfant, l’adolescent ou l’adulte. Autrement dit, c’est la rééducation fine de l’écriture. Elle a pour objectif d’aider le patient à avoir une écriture lisible et rapide (en concordance avec son âge), sans douleur ni fatigue.
Julian Ajuriaguerra, neuro-psychiatre est le premier à avoir donné une définition de la dysgraphie : « est dysgraphique un enfant chez qui la qualité de l’écriture est déficiente alors que généralement aucun déficit neurologique ou intellectuel n’explique cette déficience ».
La dysgraphie peut apparaître à tout moment de la vie et être plus ou moins sévère. Elle peut être à l’origine d’une mauvaise tenue du stylo, d’une mauvaise posture, d’un problème de latéralité, d’une situation familiale ou scolaire difficile à vivre…
La dysgraphie peut complexer le patient et avoir des répercussions sur sa scolarité, son estime et sa confiance en soi, il est donc important de traiter le trouble. À noter : environ 10% des enfants sont dysgraphiques. Elle fait partie des « troubles dys »* telles que la dyslexie, la dyspraxie, la dysorthographie… auxquelles elle est fréquemment associée.
Les origines de la Dysgraphie : Cette histoire débute dans les années 1950 avec Hèlene de Gobineau graphologue et Roger Perron Psychologue qui effectuent des recherches vers la génétique de l'écriture. Vers 1960, ces travaux sont repris par Julian Ajuriaguerra, neuro-psychiatre et Roger Perron Psychologue.
Ils construisent ensemble plusieurs échelles : forme, mouvement et détérioration. Elles vont leur permettre de déterminer l'âge graphomoteur de l'enfant, de situer des difficultés de l'apprentissage en fonction de l'âge de l'enfant et de détecter une éventuelle dysgraphie.
Quels sont les patients que vous recevez dans votre cabinet ? ou êtes vous implantée ?
Je reçois principalement des enfants et des adolescents (majoritaire du CE2 à la 5ème). J'ai également pris en charge des adultes voulant reprendre des études et passer des concours. Mon cabinet pluridisciplinaire est implanté à Fleury les Aubrais (45).
Comment se passe les séances ?
Dans un premier temps, je fais passer un bilan à mon patient d'une durée de 1H30 à 2H qui me permettra ensuite d'établir un compte rendu écrit sur lequel sera indiqué mes conclusions.
Lors du bilan, plusieurs exercices sont demandés au patient : des exercices de motricité fine, un dessin, un coloriage, un test de vitesse, de la copie et une dictée de base "la lettre à l'ami", afin de pouvoir déterminer si l'enfant est dysgraphique et si une rééducation est nécessaire.
Les séances sont hebdomadaires et durent 45 minutes. Nous travaillons les points faibles de manière ludique sous forme de jeu : jeu de motricité fine, de concentration, de discrimination visuelle. Je travail également avec grand tableau blanc sur lequel il n'y a pas de ligne d'écriture !
Avez-vous quelques astuces pour l'aider ces enfants au quotidien ?
Comme on le répète beaucoup en ce moment, il faut éviter les écrans et favoriser les activités manuelles comme les jeux de motricité fine et globale. Il est important de surveiller chez votre enfant, la posture, la tenue du crayon, le placement de la feuille et de choisir avec précaution l'outil scripteur.
Quelle est votre plus grande réussite dans cette profession ?
Mon plus grand bonheur est de voir l'enfant, l'adolescent ou l'adulte reprendre confiance en lui et trouver ou retrouver le plaisir d'écrire.
Cela parait un peu bateau, mais c'est très gratifiant de voir l'aide que j'ai pu apporter à un patient, le résultat du travail accompli durant mes séances, un enfant qui repart sur de bonnes bases pour sa scolarité avec des parents plus apaisés et moins soucieux....
Qu’aimeriez-vous dire en conclusion ?
J'espère que le métier de graphothérapeute sera de plus en plus connu et reconnu afin de pouvoir aider un maximum de personnes qui souffrent de leur écriture.
Je vous invite à découvrir mon livre 100 idées pour accompagner les enfants dysgraphiques.